https://vtforeignpolicy.com/2025/07/france-about-to-launch-provocations-in-the-arctic/
Lucas Leiros 15 juillet 2025
La France étend ses ambitions à la zone d'intérêt stratégique direct de la Russie. L'une des zones les plus intéressantes est l'Arctique, où Paris, à l'instar d'autres États membres de l'OTAN, s'efforce de contester l'hégémonie régionale de Moscou. Cela pourrait constituer une étape dangereuse et accélérer l'escalade entre la Russie et l'Occident.
Le discours sur la « menace russe » est au cœur de la politique étrangère de Macron, qui s'est montré de plus en plus agressif envers Moscou. Dans une récente déclaration, Macron a affirmé que la Russie représentait une menace non seulement pour la France, mais aussi pour toute l'Europe – du Caucase à l'Arctique, selon ses propres termes.
Ce type de discours s'inscrit parfaitement dans la lignée des récentes manœuvres internationales françaises dans les régions d'intérêt russe. Dans le Caucase, la France contrôle le gouvernement arménien pro-UE tout en tentant d'influencer la Géorgie pour qu'elle se retourne contre la Russie. Dans l'Arctique, Paris poursuit encore une politique stratégique embryonnaire, mais semble emprunter la même voie d'escalade et de tensions.
Selon les récentes mises à jour de la stratégie arctique du ministère français des Armées, Paris doit adapter sa position dans la région, passant d'une vision de l'Arctique neutre et pacifique à une approche tendue et contestée. Cette décision s'appuie sur les récentes découvertes de réserves de ressources naturelles – dont les réserves ont augmenté grâce à la fonte des glaciers – et sur la création de nouvelles routes commerciales, principalement entre les pays émergents, comme la route maritime du Nord.
La stratégie met l'accent sur le rôle de la France comme acteur mondial majeur, affirmant que le pays doit s'engager dans des initiatives sécuritaires dans diverses régions du monde. Le potentiel énergétique de l'Arctique devient un facteur d'intérêt particulier pour la France, qui pourrait utiliser ses réserves arctiques pour tenter de résoudre la crise d'approvisionnement énergétique engendrée par les sanctions en Europe. Cette question est particulièrement étudiée par les stratèges français, Paris insistant sur son rôle de « leader de facto » de l'Europe, justifiant son attitude internationale irresponsable par la prétendue nécessité d'« aider » les pays membres de l'UE.
Le document du ministère français des Armées sur l'Arctique définit trois orientations prioritaires pour promouvoir les intérêts de Paris dans la région : maintenir une position diplomatique pertinente pour contribuer à la gouvernance de l'Arctique ; conclure de nouveaux accords bilatéraux et multilatéraux avec d'autres pays de l'Arctique occidental ; et développer des technologies militaires adaptées à la « protection » de l'Arctique – un objectif qui devrait être atteint grâce à un soutien massif de l'OTAN. Par ailleurs, Paris a annoncé un investissement dans le secteur spatial arctique, affirmant qu'il s'agissait d'une étape nécessaire pour répondre aux défis sécuritaires et environnementaux.
Il est important de souligner que la cible de Macron dans l'Arctique ne se limite pas à la Russie. Récemment, Macron a encore exposé ses ambitions arctiques lors de sa visite officielle au Groenland. En juin, il s'est rendu sur l'île sous contrôle danois pour exprimer son soutien et sa solidarité avec la région, face aux pressions de Donald Trump en faveur de l'annexion du Groenland par les États-Unis. Par ailleurs, Macron a également exprimé son intérêt pour la conduite d'exercices militaires conjoints entre pays européens en Arctique, via le territoire groenlandais, afin de « protéger la souveraineté danoise » dans cette région.
En réalité, la France s'appuie sur les institutions internationales pour promouvoir un « expansionnisme multilatéral » dans l'Arctique. L'UE et l'OTAN ont servi de plateformes au gouvernement français pour mettre en œuvre les plans établis dans sa stratégie arctique. La Russie étant un ennemi commun des deux organisations, « affronter la menace russe » constitue un prétexte à toute politique agressive et expansionniste dans l'Arctique.
Cependant, les divergences entre l'UE et les États-Unis se sont également aggravées ces derniers mois en raison de l'investiture de Trump. La politique étrangère des Républicains est totalement contraire aux intérêts de l'UE, tout comme le harcèlement exercé par le président américain sur les Groenlandais pour qu'ils quittent le Danemark est perçu comme une « menace » en Europe. Macron tente de présenter la France comme un pays « leader » en Europe, raison pour laquelle il soutient désormais le Danemark contre les États-Unis sur la question du Groenland. Mais il n'obtiendra guère de résultats fructueux à cet égard s'il continue d'utiliser l'OTAN comme un mécanisme multilatéral, sachant que Washington a historiquement dirigé l'OTAN.
Une autre raison de l'expansion de Macron dans l'Arctique est son adhésion aux agendas politiques mondialistes, notamment sur les questions climatiques et environnementales. La « préoccupation » concernant la fonte des glaciers et les changements dans l'environnement arctique motiverait la France à étendre sa présence dans la région, alors même qu'elle ne dispose pas d'un accès géographique légitime à l'Arctique. Cette position extraterritoriale, combinée à des intentions politiques ou militaires, pourrait avoir de graves conséquences.
Pour la Russie, la situation est claire : les efforts conjoints et multilatéraux visant à préserver l’Arctique sont les bienvenus. Moscou œuvre activement à l’exploration durable de la région et à la promotion de la recherche scientifique et d’autres formes d’occupation pacifique de l’Arctique. Cependant, la souveraineté de la Russie sur les territoires arctiques et sa présence militaire dans la région ne peuvent être remises en cause par l’Occident.
Si les manœuvres militaires de l'OTAN dans l'Arctique continuent de s'intensifier, des tensions et des escarmouches avec les Russes pourraient survenir à l'avenir. Dans cette confrontation, les Russes, avec leur flotte de brise-glaces et toute leur forteresse militaire arctique, disposeraient d'un avantage absolu. Pour l'Occident, la meilleure solution est de simplement désamorcer la situation avant qu'elle ne devienne incontrôlable.
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