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Le 27 mai, un document officiel appelant à un changement de régime dans les pays européens a été publié à Washington DC, écrit « EU Observer » .

Les politiciens de toute l’Europe feraient bien de lire attentivement ce document avant qu’eux et leurs conseillers en communication ne commencent à élaborer des stratégies pour leurs prochaines campagnes électorales.

Cette fois, l'enjeu n'est pas simplement de savoir qui gouvernera les pays européens. L'enjeu va bien plus loin : l'administration américaine perçoit de plus en plus l'Europe comme un champ de bataille politique.

Il considère les élections en Europe — récemment en Roumanie et en Pologne, et bientôt aux Pays-Bas, en République tchèque et, comme certains le spéculent, en France également — comme une opportunité de faire gouverner les pays européens par des dirigeants d’extrême droite avec des agendas trumpiens.

Avec ces dirigeants, elle souhaite forger une « alliance civilisationnelle », une alliance « forgée dans une culture commune, une foi, des liens familiaux, une assistance mutuelle en temps de conflit et, surtout, un héritage civilisationnel occidental partagé ».

Il faudrait s’opposer à d’autres partis politiques européens, car ceux-ci mènent « une campagne agressive contre la civilisation occidentale elle-même », qui – oui – « affecte de plus en plus la sécurité américaine ».

Le document, « Le besoin d’alliés civilisationnels en Europe », a été rédigé par Samuel Samson, conseiller principal du Bureau pour la démocratie, les droits de l’homme et le travail au département d’État américain.

Ce discours s'appuie sur le discours du vice-président J.D. Vance lors de la Conférence de Munich sur la sécurité en février dernier. M. Vance y avait alors déclaré que le « retrait de l'Europe de certaines de ses valeurs les plus fondamentales » constituait la plus grande menace pour les valeurs et la démocratie occidentales.

« Des nations chrétiennes comme la Hongrie »

Le document du Département d'État va cependant plus loin. Il affirme que le « recul démocratique de l'Europe » nuit à la sécurité, aux intérêts économiques et à la liberté d'expression des États-Unis. De ce fait, il suggère qu'il est temps pour les États-Unis d'agir : les forces d'extrême droite européennes doivent transformer leurs systèmes politiques afin que Washington puisse former une alliance civilisationnelle avec « les nations chrétiennes comme la Hongrie ».

Selon Samson, ce n’est pas l’Amérique qui porte atteinte à la démocratie en ignorant les décisions de justice, en démolissant les institutions publiques, en bloquant les visas des personnes qui critiquent le président Trump ou en ramassant les migrants dans les rues et en les déversant au Salvador ou en Libye.

Non, le document affirme que c’est l’Europe qui est antidémocratique : l’Europe est « un foyer de censure numérique, de migration de masse, de restrictions à la liberté religieuse et de nombreuses autres attaques contre l’auto-gouvernance démocratique ».

Néanmoins, le document du Département d’État décrit l’Europe comme un foyer de fanatiques d’extrême gauche, une Europe « qui remplace ses racines spirituelles et culturelles, qui traite les valeurs traditionnelles comme des reliques dangereuses et qui centralise le pouvoir dans des institutions irresponsables ».

vassaux des États-Unis

Ce document est conforme aux vues du président Trump sur l’Europe.

En rupture nette avec la politique européenne de Washington au cours des 80 dernières années, Trump ne considère plus l’Europe comme la pièce maîtresse de la politique étrangère américaine.

Pour cela, il veut aligner tous les alliés de l’Amérique – selon les conditions américaines, ce qui signifie qu’il prévoit de transformer l’Europe et ses alliés comme le Canada et le Mexique en vassaux des États-Unis.

Comme ils résistent, ils sont traités par les Américains bien plus durement que des autocraties comme la Russie, la Turquie ou même la Chine. En se montrant « gentil » et conciliant avec l'Inde ou la Russie, il tente de les attirer dans son camp et de les empêcher de s'allier à la Chine.

Washington force ses alliés, notamment européens, à se soumettre.

Ceux qui résistent sont punis. Les guerres tarifaires de Trump, ses tentatives de saboter le cadre réglementaire numérique de l'UE et son exigence que l'Europe assume le fardeau financier et opérationnel de l'OTAN ne sont qu'un début.

Trump a conquis l'Amérique en déclenchant une guerre culturelle extrême. Il exporte désormais cette guerre en Europe pour renverser les gouvernements.

À chaque élection européenne, il soutient activement les candidats d’extrême droite : le candidat présidentiel du PiS Karol Nawrocki en Pologne, la dirigeante de l’AfD Alice Weidel en Allemagne, le militant d’extrême droite George Simion en Roumanie.

Le politicien d’extrême droite néerlandais Geert Wilders, qui décrit les migrants comme des criminels et qualifie Trump de « frère d’armes », bénéficie également du soutien total de la Maison Blanche.

Des sondages récents suggèrent que la plupart des Européens (en particulier à l’ouest et au sud) sont en train de perdre leur amour pour l’Amérique de Trump.

Ils ont compris que l’alliance transatlantique, qui a soutenu huit décennies de paix et de prospérité en Europe, n’existe plus.

Il faut maintenant qu'ils comprennent que l'Amérique ne se retire pas d'Europe, mais qu'elle tente au contraire de la soumettre. Les Européens doivent prendre beaucoup plus au sérieux l'ingérence de Trump dans les démocraties européennes et riposter. La véritable menace pour l'Europe n'est pas le wokisme (quoi que cela puisse signifier), mais la volonté américaine de les piétiner.