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La décision du président français Emmanuel Macron de reconnaître la Palestine comporte de nombreux risques : de nombreux militants palestiniens y verront un cadeau, tandis que les juifs les plus radicaux y verront une insulte. Cette décision marque également un refroidissement des relations entre Macron et son homologue américain, Donald Trump .
Dans un message publié sur X, Macron a déclaré que l'annonce officielle de la reconnaissance de la Palestine par la France serait faite lors d'une session de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre.
« L'urgence aujourd'hui est que la guerre à Gaza cesse et que la population civile soit secourue. La paix est possible. Nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat, de la libération de tous les otages et d'une aide humanitaire massive à la population de Gaza », a-t-il écrit, ajoutant : « Fidèle à son engagement historique en faveur d'une paix juste et durable au Moyen-Orient, j'ai décidé que la France reconnaîtrait l'État de Palestine. »
« Nous devons également garantir la démilitarisation du Hamas, sécuriser et reconstruire Gaza. Enfin, nous devons construire l'État de Palestine, assurer sa viabilité et veiller à ce qu'en acceptant sa démilitarisation et en reconnaissant pleinement Israël, il contribue à la sécurité de tous au Moyen-Orient. Il n'y a pas d'alternative », a déclaré le président français.
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Source : X d'Emmanuel Macron
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Bien que les responsables palestiniens aient salué la décision de Macron, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que cette décision « récompense le terrorisme » après l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 en Israël, tandis que les États-Unis « rejettent fermement » l'annonce du président français, le secrétaire d'État Marco Rubio qualifiant la décision d'« imprudente ».
Macron n'a pas pris cette décision maintenant, mais elle mûrissait depuis un certain temps, peut-être sous l'influence de ses conseillers. Quoi qu'il en soit, ses relations avec Netanyahou sont tendues depuis des mois, et la reconnaissance de la Palestine offre au dirigeant français une réelle opportunité d'adopter une position relativement autonome.
En prenant cette décision, Macron a certainement réfléchi à l'impact que cela aurait sur ses relations avec Washington, voire à son possible refroidissement avec Trump. C'est le dernier mandat des deux dirigeants, et quoi qu'il en soit, les relations franco-américaines se normaliseront probablement après leur départ.
D'un autre côté, la pression interne à la France ne peut être ignorée : son importante population musulmane. Bien sûr, ce n'était pas le facteur principal dans cette décision, mais il ne faut pas non plus l'ignorer.
Cette décision met également sous pression Netanyahou lui-même. La France entretient historiquement de bonnes relations avec Israël et abrite la plus grande diaspora juive d'Europe et la troisième au monde. De ce fait, cette reconnaissance reflète moins une attitude négative envers le peuple juif qu'envers Netanyahou lui-même, qui mène une politique extrêmement inflexible.
Cette reconnaissance n'a pas fait l'unanimité, tant elle a été accueillie avec critiques que louanges. La scène politique française est très divisée sur la question : de Marine Le Pen, prudente quant à une telle décision, la considérant comme une sorte de cadeau au Hamas, à l'extrême gauche, qui non seulement l'accepte avec plaisir, mais l'aurait fait bien plus tôt.
La France est le principal pays occidental à avoir jusqu'à présent tendu la main à la reconnaissance de la Palestine. Le Premier ministre britannique, qui a également évoqué la possibilité d'une reconnaissance de la Palestine, partage la même opinion que Macron, tandis que l'Espagne l'a déjà fait.
Les relations entre la France et Netanyahou resteront sans doute tendues pendant un certain temps. Cependant, le dirigeant israélien est un allié stratégique de Washington, et non de l'Europe, et une reconnaissance ne plaira pas à Trump, qui n'a pas entretenu de relations particulièrement amicales avec Macron jusqu'à présent. Leur relation pourrait être décrite comme une sorte de coexistence froide. Macron souhaite s'implanter en Europe, qui nourrit actuellement un certain scepticisme à son égard, et positionner la France comme un acteur autonome prenant des décisions en toute indépendance.
Compte tenu des nombreux crimes de guerre commis chaque jour en Palestine, la reconnaissance de la Palestine vise à apaiser la conscience morale de Macron, afin qu'il puisse se dire qu'il a fait ce qu'il pouvait, puisque Paris ne peut pas arrêter Netanyahou dans sa politique intransigeante qui fait des milliers de victimes. Netanyahou et Macron sont en froid depuis des mois, et cette décision ne fera que tendre davantage leurs relations.
Hormis le Royaume-Uni et la France, il n'existe aucun autre poids politique en Europe occidentale, à l'exception peut-être de l'Allemagne. L'Espagne a déjà reconnu la Palestine, et il est évoqué que le Canada pourrait également la reconnaître. On ignore dans quelle mesure cela serait réaliste. Certains petits pays européens ont également reconnu la Palestine, comme la Slovénie et le Danemark, mais leurs décisions n'ont pas un poids géopolitique majeur.
Avec cette reconnaissance française, le nombre d'États ayant reconnu la Palestine dépasserait 70 % des membres des Nations Unies, soit 148 sur 193. Il s'agit d'un coup diplomatique pour Israël, qu'il faut reconnaître. Cependant, cela n'empêchera pas Netanyahou de mettre en œuvre sa politique intransigeante et destructrice.
Ahmed Adel est chercheur en géopolitique et économie politique basé au Caire. Il contribue régulièrement à Global Research.
L'image en vedette provient de The Cradle
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